Face aux avis des uns et des autres :
les vertus du filtre intérieur
Lors de ma conférence donnée à l’IUT Info Com de Roubaix en mars 2018 sur « La place de l’intuition dans le métier de communicant », une étudiante m’a demandé si entraîner son intuition signifiait qu’on ne devait plus demander d’avis à son entourage. La réponse est clairement non. Suivre son intuition ne signifie pas se couper du monde extérieur pour se fier uniquement à ses ressentis. Loin de nous isoler, l’intuition agit comme une interface entre notre environnement et nous-mêmes pour enrichir le lien qui nous unit à ce dernier sans pour autant nous y perdre. Ce point vaut aussi en entreprise. Explications.
Trop ceci ou pas assez cela
Je vous propose de repartir quelques années en arrière pour comprendre quel a été mon cheminement sur le sujet. Avant lorsque je partageais une idée avec des interlocuteurs qui la trouvaient « trop ceci » ou « pas assez cela », je repartais souvent avec mes idées dénaturées laissant de côté ma conviction de départ. Ce qui se soldait souvent par des échecs puis par des regrets. Les « j’aurais dû m’écouter » – bien trop récurrents – ont fini par m’interpeller pour m’intéresser de plus près à cette fameuse partie de moi qui savait.
Ça me fait oui ou ça me fait non ?
Aujourd’hui, les choses ont changé. Je partage toujours mes questionnements. J’écoute les avis avec attention mais maintenant je reste très attentive à mes ressentis, je leur crée de l’espace et ça paie ! Si quelqu’un me dit qu’il.elle a un avis ou même une intuition me concernant, cela ne prend plus le dessus même si j’accorde du crédit à la qualité de ses propos. Je regarde d’abord l’effet que ses réflexions produisent en moi et je me pose cette question bien connue au Canada « Ça me fait oui ou ça me fait non ? ». Cette question agit comme un filtre intérieur et seule la réponse compte. Les signes sont très différents d’une personne à l’autre car ils dépendent de la sensibilité de chacun. Pour certains le « Ça me fait oui » se manifeste par exemple par la détente du corps, une respiration plus ample, le sentiment d’ouverture. Dans ce cas, ce que dit l’autre résonne juste et apporte des éléments de réponse à prendre en compte. A contrario si – par exemple – le plexus se serre, la gorge se noue, la respiration devient plus courte ou cela fait un grand « non » à l’intérieur alors cela signe un « Ça me fait non ». Les propos énoncés ne trouvent pas d’écho favorable. L’avis de notre interlocuteur ne nous concerne pas – ou en tout cas pas en l’état et ce même si son raisonnement semble tenir la route. Il est certainement juste pour lui.elle mais pas pour nous.
Les émotions ne sont pas de l’intuition
Pour détecter la réponse au « Ça me fait oui ou ça me fait non ? »‘, il faut prendre en considération la toute première réponse intérieure face à ce qui nous est dit. Pourquoi la toute première ? Car il s’agit de l’intuition. Ensuite arrivent les émotions qu’il ne faut pas confondre avec l’intuition. Elles ne sont que notre réaction face à une information qu’elle soit intuitive ou non ! L’intuition – elle – est totalement neutre, c’est une information et c’est tout. Une information qui passe souvent par le corps ou sinon par les pensées. Si cela vous semble compliqué, rassurez-vous. Avec un bon sens de l’observation et de l’entraînement, on parvient de mieux en mieux à différencier un message intuitif d’une simple émotion. En attendant, choisir d’écouter son intuition, se faire confiance et agir en fonction favorisent les succès et confortent dans l’idée de poursuivre sur cette voie. Il peut bien sûr arriver de flancher et de ne pas s’écouter mais la différence est qu’on le fait en conscience. Les erreurs font partie de l’apprentissage, on avance de toutes les façons.
Conserver son libre arbitre
Vous l’aurez compris. Accroître sa capacité de discernement et conserver son libre arbitre face à des personnes très persuasives sont des points fondamentaux pour ne pas fermer la porte aux messages intuitifs. C’est pourquoi j’applique ces principes lors de mes accompagnements en entreprise. En aucun cas, je n’utilise mon intuition pour répondre aux questions car je sais que chacun.e possède en lui.elle toutes les réponses. J’utilise mes capacités intuitives pour proposer les exercices adaptés aux profils et aux dispositions du jour de mes clients. Je les accompagne tout au long du process intuitif en veillant à maintenir une écoute et une neutralité de qualité. Grâce au travail que nous faisons ensemble, ils trouvent ainsi les réponses aux questions stratégiques qu’ils se posent en venant se reconnecter à leur mode de fonctionnement intuitif. Ma mission consiste – pour mon plus grand plaisir – à leur faire retrouver le chemin pour y accéder.