Intuition et recrutement :
Technik RH en parle
A la question « Quelle place accordez-vous à l’intuition dans vos recrutements ? », Claire Adams-Mayhew – Dirigeante du cabinet Technik RH, spécialisée dans le recrutement de profils techniques pour l’industrie, répond du tac au tac : « Un rôle primordial ! ». Mais voyons de plus près comment ça se passe au quotidien.
Qu’on se le dise. Un recrutement est réussi lorsque le candidat et l’entreprise sont satisfaits à long terme, sinon c’est un échec tant pour l’entreprise que pour le candidat et pour le cabinet de ressources humaines. C’est pourquoi il est important pour Claire que le candidat soit en adéquation avec les besoins de l’entreprise dans la durée et pas uniquement lors de la signature du contrat de travail et ce afin de fidéliser ses clients. Seule à bord de son cabinet RH, certains diront que c’est risqué de suivre son intuition, qui plus est pour recruter des profils techniques (technicien méthodes, responsable de production, directeur d’usine…). Alors pourquoi utilise-t-elle quand même l’intuition ? « Car la technicité n’est pas le seul critère requis. Le savoir-être occupe une place de choix dans la corbeille de la mariée. C’est aussi parce que je n’ai pas droit à l’erreur que je me fie à mon intuition en plus de ma connaissance du secteur » explique-t-elle. C’est un choix gagnant car les résultats sont là. Le cabinet tourne à plein régime depuis sa création en 2014 et le buzz fait le reste !
Question de feeling
« Si vous n’avez pas le bon feeling, vous n’avez pas le bon candidat. C’est aussi simple que cela » explique-t-elle. L’intuition se manifeste de différentes manières selon les personnes. Claire est attentive dès le premier contact téléphonique et en particulier à la voix. « La voix fournit déjà beaucoup d’informations. C’est pourquoi, il y a des chances pour que ça aboutisse mais aussi pour que ça s’arrête dès le départ ». Quand j’ai perçu le bon candidat pour l’entreprise, ça fonctionne pratiquement toujours. C’est lorsque je ne m’écoute pas que cela peut poser problème.
Quand tous les feux sont au vert mais que l’intuition dit NON
Certaines personnes « forcent le trait » pour paraître assurées et dignes de confiance au téléphone pour le poste. « Effectivement ça n’est pas toujours simple car elles jouent un rôle en se mettant dans la peau du profil que je recherche mais ça finit toujours par se ressentir à un moment. Parfois, j’ai envie d’y croire car dans le discours, tous les feux sont au vert – sauf un, celui de l’intuition. Ce ressenti persiste et je sais que ça ne va pas se faire. Plus tôt je m’en rends compte, mieux c’est, car un recrutement représente beaucoup de travail et d’engagement. »
L’intuition mise à l’épreuve
Un jour, Claire est mandatée pour le recrutement d’un Directeur d’usine et là son intuition est mise à rude épreuve. « Il s’agissait de quelqu’un qui savait très bien se mettre en valeur, d’une personne avec qui on avait envie de travailler. Pourtant dès le début, une petite voix me disait qu’il y avait quelque chose qui ne collait pas avec les attentes de mon client. Or comme ‘presque tout’ semblait parfait (compétences techniques et compétences comportementales affichées), je ne me suis pas écoutée et j’ai poursuivi le process. Et lors du troisième et dernier entretien, il tente le tout pour le tout et annonce des prétentions salariales une fois et demie plus élevées que celles annoncées lors de nos précédents échanges ! En définitive, l’employeur potentiel n’a pas apprécié du tout cette surprise de dernière minute – et moi non plus (!) et il n’a pas eu le poste ».
Ce que Claire a vécu ici s’explique et beaucoup peuvent d’ailleurs s’y retrouver. Il est très tentant de poursuivre dans une direction quand presque tous les éléments sont au vert et ce malgré une interrogation qui persiste en background. Quel choix opérer ? La ‘pseudo facilité’ de poursuivre un processus déjà enclenché ou bien tout recommencer ? La raison ou l’intuition ? Pourquoi le choix est-il si difficile quand on sait que cela prend plus de temps d’aller jusqu’au bout pour tout recommencer ensuite ? On gagnerait pourtant un temps précieux à s’arrêter pour repartir sur des bases qui nous conviennent. Pour optimiser ses choix, la raison consiste aussi à écouter cette intuition qui s’exprime souvent dès le début ou en cours de route pour peu que l’on y prête attention. En tout cas, elle mérite à minima qu’on prenne le temps de comprendre ce qui se joue. C’est là où raison et intuition peuvent former un duo gagnant quand elles avancent ensemble main dans la main.
L’intuition pour trouver le bon candidat
Claire raconte une anecdote très représentative des bénéfices à écouter son intuition. Il s’agit ici du recrutement d’un chef de projet mécanique pour une entreprise du Valenciennois. Après avoir recueilli les besoins du client, elle identifie 4 candidats ciblés et transmet les CV à l’entreprise. 3 correspondent parfaitement aux critères demandés. Pas le 4ème. Son client choisit de ne pas le retenir pour les entretiens. « J’étais convaincue que ce candidat était le bon candidat même si le CV ne correspondait pas parfaitement au profil. J’ai quand même insisté pour que mon client rencontre ce candidat et il a accepté ». En définitive, l’entreprise a sélectionné et signé un contrat de travail avec le candidat qui ne correspondait pas parfaitement au cahier des charges et aujourd’hui ils sont toujours ravis de ce recrutement.
Halte au process de recrutement à rallonge !
À la question « Que pensez-vous de la multiplication des outils, des entretiens et des interlocuteurs pour s’assurer de trouver la pépite ? » Claire répond très directement « C’est improductif pour toutes les parties (entreprise, candidat et cabinet). Moins on a d’interlocuteurs, mieux c’est. Les avis de deux personnes de l’entreprise dont celle qui va encadrer le futur salarié d’une part – auxquels s’ajoute l’avis du cabinet d’autre part – sont largement suffisants. Au-delà, cela signifie qu’on ne se fait pas confiance et qu’on reporte notre responsabilité sur le process et sur les autres interlocuteurs ».
Un brief de départ précis et une bonne dose de confiance en soi, en ses ressentis permettent de poser des bases solides pour la recherche du candidat idéal. Si ça bloque à un moment donné, c’est qu’il est temps de se demander pour quelle(s) raison(s). On peut multiplier tous les outils du monde (test de personnalité, escape game, jeu vidéo, etc.) pour parfaire ses recrutements mais on oublie souvent que la pertinence des outils est d’autant plus juste que l’on reste à l’écoute de sa propre intuition. Car même en bout de parcours, c’est elle qui confirmera ou infirmera le choix d’un candidat malgré des résultats brillants aux outils pour trouver cette chère pépite chère aux recruteurs. Si un doute persiste ou si c’est un grand oui, dans les 2 cas, faites-vous confiance. Car on regrette bien plus souvent de ne pas s’être écouté que le contraire.
Au sujet de Claire Adams-Mayhew – Dirigeante du cabinet « Technik RH » :