Hypersensibilité :
Une pépite dont il n’y a pas à rougir en entreprise !

Une personne dans mon environnement professionnel m’a fait part de son hypersensibilité en la définissant comme une fragilité. Je crois qu’il est temps de rectifier cette croyance comme quoi l’hypersensibilité renvoie à une prétendue faiblesse. Elle constitue un véritable atout – y compris en entreprise et la faiblesse se situe bien ailleurs.

L’hypersensibilité : un réservoir d’informations
Pour ma part, j’assume pleinement mon hypersensibilité et je l’ai toujours considérée comme une force et ce même bien avant de m’intéresser au sujet. Tout simplement parce que cette hypersensibilité me permet d’obtenir un grand nombre d’informations qui sont bien sûr des informations intuitives ! Des informations que je perçois spontanément sans avoir à réfléchir, analyser, retourner les problèmes dans tous les sens. Un vrai GPS au quotidien. Imaginez savoir avant même de rencontrer quelqu’un si le rendez-vous va s’avérer intéressant, si vous lancer dans un projet est judicieux ou même ressentir un lieu pour investir ou non dans de nouveaux locaux. Tout ceci est possible grâce à l’écoute de votre sensibilité – de ce qu’elle dit. Si vous cherchez bien, vous le savez car vous l’avez déjà vécu. Reste à savoir si vous avez pris en compte ces informations car la société ne nous a pas habitués à écouter ces ressentis et encore moins en entreprise. Alors regardons de plus près ce phénomène.

L’hypersensibilité passe par le cœur, par le langage du corps, par des sensations physiologiques et fournit beaucoup d’informations sur notre environnement et sur notre rapport au monde. Être hypersensible revient de façon imagée à naviguer « sans filtre », à s’exposer pour accéder plus clairement à nos perceptions. Assumer son hypersensibilité et cesser de vouloir se protéger à tout prix implique de prendre son courage à 2 mains pour sortir de sa zone de confort et risquer de découvrir ce que l’on ne veut pas voir mais aussi des potentialités que l’on ne soupçonnait même pas ! Bien sûr l’erreur est possible mais là aussi cela demande un entraînement pour faire le tri surtout quand le jeu en vaut la chandelle, n’est-ce pas ?

S’autoriser à être hypersensible en entreprise incite à remettre du cœur dans ce que l’on fait et avec ses équipes, c’est un pari gagnant-gagnant ! Beaucoup diront que c’est risqué de faire parler le cœur en entreprise (voir vidéo sur le lien entre le coeur et l’intuition) car le cœur est perçu culturellement comme une faiblesse. C’est une croyance collective entretenue depuis bien trop longtemps et qu’il est grand temps de faire cesser si nous voulons avancer. Chacun le sait, le cœur reste le moteur d’action au travail le plus puissant. Donnez une tâche à l’un de vos collaborateurs et vous verrez s’il fait des étincelles quand il travaille à contrecœur même s’il est très compétent à la faire. Inversement mettez-le sur un dossier qui le passionne et même s’il doit encore gagner en compétence, il risque bien de vous épater et de vous faire des suggestions pour peu qu’il trouve en vous une oreille attentive.

D’ailleurs j’ai une question. Est-ce que le soir quand vous rentrez chez vous, vous déposez le raisonnement sur le palier de la porte avant de rentrer ? Non bien sûr alors pourquoi serait-il logique de laisser votre sensibilité à la porte de l’entreprise le matin en arrivant ? Cela n’a pas plus de sens dans un cas comme dans l’autre.

Ne pas confondre hypersensibilité et hyperémotivité
Je pense que l’on confond trop souvent hypersensibilité avec hyperémotivité. L’hyperémotivité traduit une réponse émotionnelle excessive face à son environnement tout comme le système immunitaire qui s’affole anormalement face à des stimuli en cas d’allergie. Il est certain que les personnes hypersensibles ressentent les émotions avec plus d’intensité que celles qui sont plus détachées ou qui possèdent une carapace construite année après année. La vraie fragilité ne se situe pas au niveau émotionnel mais au niveau de l’ancrage. Les émotions font partie de la vie et elles fournissent des indicateurs sur nos besoins. Ainsi on peut identifier quand il nous manque quelque chose ou quand nos besoins sont comblés. Vous l’aurez compris, ce qui importe, c’est de travailler son ancrage pour ne pas vivre des yo-yo émotionnels trop fréquents ou déstabilisants en fonction des stimuli extérieurs. Plus les racines de l’arbre sont ancrées profondément, plus la cime peut balancer dans le vent sans risquer de le déraciner. Il en va de même pour nous. Plus on est ancrés, plus on travaille à faire le calme en soi, à vivre l’instant présent, à accueillir nos émotions qu’elles soient agréables ou non, plus on sera à même de décrypter les informations fournies par notre sensibilité et à en récolter les fruits.

Le cœur en entreprise
Et quid de la sensibilité en entreprise ? Peut-on être un bon dirigeant ou un bon manager et laisser parler sa sensibilité ? Bien sûr et plutôt 2 fois qu’une ! Le manager qui redonne toute sa place à sa sensibilité perçoit bien plus facilement ses équipes, ses besoins, ses frustrations, ses moteurs d’action. Il accède aux clefs pour affecter ses collaborateurs aux missions adéquates, pour constituer efficacement les équipes projet, les fédérer, créer de l’enthousiasme et susciter de la motivation. La sensibilité permet l’empathie qui est une grande qualité en entreprise à condition de faire preuve à la fois de souplesse et d’ancrage comme le roseau qui plie mais ne rompt pas. Assumer sa sensibilité, en faire une force au travail, rester ouvert aux objections, aux suggestions quel que soit l’interlocuteur tout en maintenant un ancrage suffisant pour garder le cap. Voici une belle feuille de route pour les équipes dirigeantes d’aujourd’hui et de demain pour faire en sorte que l’entreprise devienne une aventure collective où chacun a envie de donner le meilleur pour créer de la valeur et servir au mieux les objectifs de l’entreprise.

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